Qu’est-ce qui vous a attiré dans le scénario de David D’AQUARO ?
La première chose qui m’a frappé à la lecture du scénario de David a été la justesse du ton. On sentait immédiatement que cette histoire avait vraiment été écrite pour l’île d’Aix. En y allant ensuite, j’ai senti à quel point il s’était réellement nourri du lieu et de ses habitants.
Ensuite, il y avait les personnages. Pas seulement les deux héros principaux, dont on avait envie de suivre l’évolution, mais aussi la galerie qui les entourait. Ils étaient vrais et j’avais hâte de les voir évoluer devant ma caméra. Et puis pour lier tout ça, il y avait cette enquête, où chacun ment, par peur, par pudeur, ou par amour.
Quelles étaient vos intentions de réalisation ?
Une île, c’est un petit milieu, un village où tout le monde se connaît. On règle ses histoires entre soi, et le flic qui débarque, même pour de bonnes raisons, sera toujours un étranger. Quand on prend le bac, on rentre "en France". Il fallait qu’on ressente tout ça dans la réalisation. La capitaine Solène Brach, jouée par Julie FERRIER, s’oppose à l’inertie de l’île. Elle est isolée. Elle est en mouvement, dynamique, pressée, mais se heurte à des murs qui l’arrêtent: le mur du silence, le mur de l’insularité, le mur du passé, le mur du secret.
Tout ça devait influer sur le jeu des comédiens et sur ma mise en scène. Julie FERRIER devait être pleine d’énergie, constamment en action, contrairement aux iliens beaucoup moins actifs. Cela se traduit par une mise en scène en mouvement dont elle est le moteur. Et plus l’enquête avance, et plus la mise en scène s’accélère. Les plans sont plus courts, moins fixes, plus à d’épaule.
Quelles sont les particularités d’un tournage dans un endroit aussi isolé que l’île d’Aix ?
Pour un réalisateur, c’est un pur bonheur. C’est comme si vous viviez 24/24h dans votre studio. Si vous voulez réfléchir à un plan, vous sautez sur votre vélo et 5 secondes après vous êtes sur le décor. Si vous voulez parler à un technicien ou répéter avec un comédien, rien de plus facile. Tout le monde est là et beaucoup plus disponible. C’est un luxe et un sentiment de liberté exceptionnel.
Les iliens et la mairie nous ont accueillis à bras ouverts et rien ne semblait jamais impossible. Bien sûr, en amont cela représente un gros travail d’anticipation pour la production et la régie. Tout ce qui doit venir du continent est plus compliqué, mais pour le reste, j’ai vécu dans une bulle pendant 5 semaines. Un vrai bonheur.